Investiture de Donald Trump : un salut nazi aux minorités
#12 - La preuve avec l'ensemble des décrets anti-LGBT+ et anti-immigration que le président vient de signer.
La communauté LGBT+ américaine craignait l’investiture de Donald Trump. Et à raison. Lors de son discours, ce 20 janvier, le nouveau président des États-Unis a notamment affirmé, sous les ovations de son public convaincu, qu’il n’y avait “que deux sexes : hommes et femmes”. Une menace mise à exécution immédiatement, avec la signature de plusieurs décrets.
Parmi eux, le fameux Defending Women From Gender Ideology Extremism And Restoring Biological Truth To The Federal Government, qui, sous couvert de “défendre les droits des femmes”, s’en prend violemment aux droits des personnes trans et à la bien nommée “idéologie du genre”.
Plus question de mention “X” sur les passeports, mise en place depuis 2022, ni de non-binarité.
"La politique des États-Unis consiste à reconnaître deux sexes, l'un masculin et l'autre féminin. Ces sexes ne sont pas modifiables et sont fondés sur une réalité fondamentale et incontestable", affirme le décret.
Plus question non plus de mentionner dans des documents officiels le terme “genre”, rapporté à une fameuse “idéologie” qui mettrait en péril l’ensemble de nos civilisations.
“Chaque agence et tous les employés fédéraux agissant à titre officiel au nom de leur agence doivent utiliser le terme "sexe" et non "genre" dans toutes les politiques et tous les documents fédéraux applicables”, est-il stipulé.
Toutes les agences gouvernementales devront s'assurer que les documents officiels, y compris les passeports, les visas et les cartes du programme Global Entry, créé pour simplifier les formalités d'entrée à l'aéroport pour les personnes se rendant fréquemment aux États-Unis, “reflètent avec précision le sexe du titulaire”.
Le texte stipule également que "Les agences doivent supprimer toutes les déclarations, politiques, réglementations, formulaires, communications ou autres messages internes et externes qui promeuvent ou inculquent de toute autre manière l'idéologie du genre”. Il ajoute que les subventions et les contrats seront examinés pour garantir que “les fonds fédéraux ne seront pas utilisés pour promouvoir l’idéologie du genre”.
Concernant les droits des personnes trans détenues, le procureur général et le secrétaire à la Sécurité intérieure “devront veiller à ce que les hommes ne soient pas détenus dans des prisons pour femmes ou hébergés dans des centres de détention pour femmes”, ce qui va sans conteste les exposer à des violences.1 Les soins de transition y seront en outre rendus très compliqués, voire impossibles, aucun fonds fédéral ne devant être dépensé “pour une procédure médicale, un traitement ou un médicament dans le but de conformer l'apparence d'un détenu à celle du sexe opposé”.
Ce décret prévoit par ailleurs l'annulation d'une quinzaine de mesures pour les droits LGBT+, parmi lesquelles des ressources pour soutenir les jeunes trans à l'école, les étudiant·es intersexes, ou encore faire face au harcèlement anti-LGBTQI+ dans les écoles.
Dès le premier jour de son investiture, Donald Trump prend donc non seulement de nouvelles mesures mettant en danger les personnes LGBT+, mais il détricote également les efforts de l’administration Biden pour leur meilleure inclusion, tout en démantelant l’ensemble des programmes contre les discriminations.
Parmi les autres décrets qu’il a signés : Ending Radical And Wasteful Government DEI Programs And Preferencing, mettant fin aux programmes “diversité, équité et inclusion” (DEI) au sein du gouvernement fédéral. Qualifiés de “programmes de discrimination illégaux et immoraux”, ces derniers ont également été abandonnés par les géants de la Tech, comme Meta, dont le patron Mark Zuckerberg figurait en bonne position à la cérémonie d’investiture de Trump.
Dans le prolongement de ce décret, un autre prévoit de “rétablir la liberté d’expression et mettre fin à la censure fédérale”, sans pour autant donner de détails sur la manière dont Trump compte veiller à sa bonne application.
Enfin, Donald Trump a annulé - par un autre décret, donc - de nombreux décrets de l’administration Biden. En vrac, et de manière non-exhaustive :
Le décret exécutif 14075 du 15 juin 2022 pour la promotion de l’égalité pour les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres, queer et intersexes.
le décret exécutif 13988 du 20 janvier 2021 pour prévenir et combattre la discrimination fondée sur l’identité de genre ou l’orientation sexuelle.
le décret exécutif 14021 du 8 mars 2021 garantissant un environnement éducatif exempt de discrimination fondée sur le sexe, y compris l’orientation sexuelle ou l’identité de genre.
Cette attaque en règle des personnes LGBT+ s’accompagne bien sûr d’une série de mesures s’en prenant aux droits des étranger·es, et même plus généralement de l’ensemble des citoyens américains non blancs, les politiques anti-genre étant toujours intrinsèquement liées à des politique anti-immigration, et plus globalement racistes.
Sans même parler de l’instauration d’un “état d’urgence” à la frontière mexicaine, d’une préférence nationale, de l’expulsion programmée de toutes les personnes en situation irrégulière2, Donald Trump s’en prend ainsi aux Américain·es d’origine étrangère, en annulant par exemple les décrets suivants :
Le décret exécutif 14031 du 28 mai 2021 pour promouvoir l’équité, la justice et les opportunités pour les Américains d’origine asiatique, les Hawaïens autochtones et les insulaires du Pacifique.
Le décret exécutif 14045 du 13 septembre 2021 visant à promouvoir l’équité, l’excellence et les opportunités économiques en matière d’éducation pour les Hispaniques.
Le décret exécutif 14049 du 11 octobre 2021 visant à promouvoir l’équité, l’excellence et les opportunités économiques en matière d’éducation pour les Amérindiens et à renforcer les collèges et universités tribaux.
Le décret exécutif 14050 du 19 octobre 2021 visant à promouvoir l’équité, l’excellence et les opportunités économiques en matière d’éducation pour les Noirs américains3.
Comble de l’ironie : dans son discours, Donald Trump n’a pas manqué de remercier “les communautés noires et hispaniques” qui ont voté pour lui :
“To the Black and Hispanic communities, I want to thank you for the tremendous outpouring of love and trust that you have shown me with your vote. We set records and I will not forget it.”
Elles et eux non plus n’oublieront pas. Du moins on l’espère.
Dans ce contexte, comment douter encore de la nature des saluts nazis effectués en toute décontraction par Elon Musk lors de la cérémonie d’investiture ?
Non, chères consoeurs et chers confrères journalistes, il ne s’agissait pas d’un geste “pour le moins étrange” comme l’affirme Le Parisien, qui ose mettre cela sur le compte de l’autisme du milliardaire, mais d’un geste délibéré, illustrant une politique fasciste et anti-démocratique4, dont les minorités sont d’ores et déjà les premières victimes.
Et bonne année !
(oui je sais vous ambiancer)
En 2017, j’avais enquêté pour BuzzFeed sur les conditions de détention des femmes trans en France, exposées à de nombreuses violences, y compris sexuelles, lorsqu’elles sont incarcérées dans des prisons pour hommes.
Et de l’ensemble des mesures anti-écologiques et de la destruction programmée et assumée de la planète par un des hommes les plus puissants du monde. En vrac : la sortie de l’accord de Paris sur le climat, la décision de quitter l’Organisation mondiale de la santé...
Lire à ce sujet cet article de Marie-Violette Bernard pour France Info : "Le fil rouge, c'est la remise en cause de la démocratie" : pourquoi historiens et politologues sont de plus en plus nombreux à qualifier Donald Trump de "fasciste"
Merci pour ce post très clair 🙏🏻 même si clairement on aurait bien aimé que 2025 démarre sous de meilleurs nouvelles
Oh quelle joie de vous retrouver ici !