Quand soudain la France inventa "la théorie du genre"
#2 - Autrement appelée la "théorie du genre sexuel"
Bonjour à toutes et à tous,
Bienvenue dans ce numéro 2 de Gendercover. Je m’étais promis de le faire plus court que le premier, mais je vous avoue que la tâche s’est avérée ardue avec une telle actualité.
Alors avant tout chose, et alors que Philosophie Magazine - qui a vraiment le sens du timing - nous invite, dans son numéro de novembre à nous demander si “La vie a-t-elle un sens ?”, gardez en tête la chanson de l’iconique grand-mère Droniak quand on lui pose la question :
Slay every day. Don't worry about anything. Someday you're gonna decay. 🎶
Autrement dit :
“Déchirez tout chaque jour. Ne vous souciez de rien. Un jour vous allez vous décomposer.”
Au sommaire de ce numéro #2 :
Quand soudain la France inventa "la théorie du genre"
Du côté des sciences humaines et sociales (SHS) : c’est quoi une “panique morale” ?
Veille actu
Baromètre des droits en Europe
Mes recos (garanties 100% “woke”)
Quand soudain la France inventa "la théorie du genre"
1. La politisation du genre par l’Église catholique
“Homme, femme, quelles différences ? Qu'entend-on par ‘Gender’ ? L'homosexualité est-elle une variante de la sexualité humaine ? Comment envisager la ‘santé reproductive’ des femmes ? En quoi le mariage est-il fondamentalement différent de la vie maritale ? Jusqu'où un médecin peut-il orienter ses patients dans leurs choix ?”
Voici quelques-unes des questions au cœur du Lexique des termes ambigus et controversés sur la famille, la vie et les questions éthiques. Je vous en parlais dans le précédent numéro : cet ouvrage du prêtre et psychanalyste Tony Anatrella, a été édité en 2003 et traduit en plusieurs langues, dont le français en 2005. Il pose les bases d’une idéologie catholique sur le genre.
Dans ce pavé de 1000 pages, qu’on peut se procurer encore aujourd’hui pour la modique somme de 50 à 60 euros, on trouve plusieurs productions de 70 “spécialistes”, parmi lesquels Mgr André Vingt-Trois, qui jouera plus tard un rôle crucial dans les débats sur le “mariage pour tous”.
Tony Anatrella y définit “la Théorie du genre comme un cheval de Troie”. Et prédit en passant que la “théorie du gender”, qui “envisage une autre définition du genre sexuel qui néglige le féminin et le masculin”, “provoquera davantage de dégâts que ceux occasionnés par l’idéologie marxiste” (je consacrerai peut-être un prochain numéro à ce parallèle 👀). Décrit à l’époque par Le Monde comme “un argumentaire de combat opposé à la réforme des mœurs”, le Lexique est présenté pour la première fois lors d’une conférence de presse… au Sénat.
Alors que les discours sur la prétendue “théorie du genre” commencent à infuser dans les débats publics et que les évêques se mettent en ordre de bataille, Le Lexique connaît une seconde vie. En 2011, Gender, la controverse, du même Tony Anatrella - accusé par la suite de violences sexuelles et sanctionné en janvier 2023 par son institution - reprend plusieurs de ses articles. “Pour les gender feminists il existe cinq sexes”, peut-on notamment y lire. “Mettant en doute la possibilité même de l’existence des sciences sociales et donc la légitimité des recherches sur le genre, le curateur réduit ce qu’il dénomme ‘la théorie du genre’ tout au plus à ‘une opinion’”, commente notamment Magali Della Sudda, chargée de recherche au CNRS.
“Il est un exemple de la manière dont une institution religieuse peut se saisir de cette question du genre pour réaffirmer son statut d’autorité morale”, ajoute-t-elle.
On assiste alors à la “politisation des questions de genre par l’Église catholique”.
2. Les manuels de SVT, support de convergence des discours catholiques et politiques
En août 2011, Gender, la controverse ne se contente pas de présenter un guide à l’usage des catholiques. Il s’immisce directement dans le champ politique, et participe à la création d’une véritable panique morale (voir plus bas) autour des programmes de sciences de la vie et de la Terre (SVT).
“La théorie américaine du Gender, référence des instances internationales (ONU, Unesco, Commission européenne, etc.) et source d’inspiration de nombreuses législations, figure désormais dans les manuels de S.V.T. de 1re L et ES”, débute ainsi la quatrième de couverture.
A peine une semaine plus tard, les arguments de cet ouvrage sont repris par 80 députés UMP, parmi lesquels Hervé Mariton, qui sera lui aussi très actif contre le mariage pour tous et toutes. Dans une lettre adressée à Luc Chatel, alors ministre de l’Education, ils demandent en choeur le retrait des manuels de SVT qui, selon eux, feraient référence à la “théorie du genre sexuel”. Ils avancent ainsi dans les pas de Christine Boutin, alors présidente du Parti chrétien-démocrate, qui a usé du même procédé quelques mois plus tôt.
Mais de quoi parle-t-on ?
En cause : l’introduction, au programme de SVT des élèves de première économique et sociale et littéraire, d’un chapitre intitulé “Devenir homme ou femme”. Publié au Bulletin officiel du 30 septembre 2010 et mentionné dans la thématique “Féminin/Masculin”, celui-ci doit être “l’occasion d’affirmer que si l’identité sexuelle et les rôles sexuels dans la société avec leurs stéréotypes appartiennent à la sphère publique, l’orientation sexuelle fait partie, elle, de la sphère privée”. Il doit, en outre, permettre aux élèves d’expliquer “le déterminisme génétique et hormonal du sexe biologique, et de différencier ainsi identité et orientation sexuelles”. Il n’en aura pas fallu davantage pour déclencher une vive polémique, et ce alors même que le descriptif du programme ne contient à aucun moment le terme “genre”.
Peu importe, un tourbillon idéologique se met en ordre de marche. Nourri et alimenté par l’Église catholique et des diocèses, qui proposent même des “outils” aux enseignants, celui-ci est appuyé par la création de plusieurs collectifs contre “la théorie du genre” à l’école. Largement relayé par les médias qui en font leurs choux gras, il se fait surtout une place sur les réseaux sociaux et dans le débat public.
La même année, plusieurs spécialistes du sujet publient une tribune dans Le Monde, appelant à défendre les études de genre à l’école. Une alerte prémonitoire, tant l’argumentaire du Vatican et de Christine Boutin & co s’est avéré par la suite efficace et inépuisable. On le retrouvera ainsi en 2013 avec la polémique des “ABCD de l’égalité”, en 2016 directement dans la bouche du pape François, et aujourd’hui instrumentalisé par l’extrême droite (mais ça fera l’objet d’un autre numéro).
Cette obsession de l’Église catholique pour le genre aura tout de même eu un avantage, comme le relevait avec ironie le sociologue Éric Fassin, signataire de la tribune susmentionnée, lors de notre entretien pour mon livre :
“Dans mes interventions, je remercie toujours le Vatican et l’Église d’avoir disséminé des références au genre. C’est-à-dire que, depuis, tout le monde en a entendu parler !”
Au point que ce soit devenu obsessionnel, en effet.
📖 Un œil sur les SHS
C’est quoi une “panique morale” ?
Selon le sociologue sud-africain Stanley Cohen1 , une “panique morale” naît lorsqu’une “condition, un incident, une personne ou un groupe de personnes sont brusquement définis comme une menace pour la société, ses valeurs et ses intérêts”2.
Son éclosion dépend de trois principaux acteurs :
les “entrepreneurs de morale” (“moral entrepreneurs” ou “claim-makers”) qui ciblent des individus ou comportements qu’ils jugent comme “déviants”,
les “boucs émissaires” (“folk devils”), désignés par ces derniers,
et enfin, leur mise en avant dans des “médias de masse”, nommés “tabloïd justice” par Cohen. Ces derniers jouent un rôle actif dans la construction de la panique, et sont bien souvent instrumentalisés à cette fin.
On peut y ajouter deux autres acteurs fondamentaux : les politiciens et législateurs, souvent complices de la construction d’une “panique morale”, et enfin le public, qui adhère au discours des entrepreneurs de morale, qui s’appuie habilement sur ses angoisses et touche, par là même, une “corde sensible”3.
D’après Stanley Cohen :
Ces boucs émissaires “sont décrits de façon stylisée et stéréotypée par les médias ; des rédacteurs en chef, des évêques, des politiciens et d’autres personnes bienpensantes montent au créneau pour défendre les valeurs morales ; des experts reconnus émettent un diagnostic et proposent des solutions ; les autorités développent de nouvelles mesures ou – plus fréquemment – se rabattent sur des mesures existantes ; ensuite la vague se résorbe et disparaît, ou au contraire prend de l’ampleur. Parfois l’objet de la panique est plutôt inédit et parfois, il existe depuis longtemps mais surgit soudain en pleine lumière. Parfois la panique passe et n’existe plus que dans le folklore et la mémoire collective ; d’autres fois elle a des conséquences plus durables et peut produire des changements dans les lois, les politiques publiques ou même dans la manière dont la société se conçoit.”
Ça vous évoque quelque chose ? C’est normal. En France, les paniques morales se suivent et se ressemblent depuis des années, qu’elles concernent les personnes lesbiennes ou gays, les femmes musulmanes ou perçues comme telles, les personnes trans… C’est pourquoi vous risquez de relire souvent cette expression ici.
🥸 La veille
Difficile de ne pas revenir ici sur la manifestation contre l’antisémitisme du dimanche 12 novembre, alors que les actes antisémites ont explosé en France depuis l’attaque d’Israël par le Hamas le 7 octobre. Je pourrais y consacrer un numéro entier, tant elle est historique en bien des points, mais je retiens personnellement le moment de bascule qu’elle incarne. Ce jour-là, le RN est devenu un parti républicain comme un autre. “La présence sidérante du Rassemblement national à la manifestation de dimanche contre l’antisémitisme est le signe d’une profonde recomposition du jeu politique”, alerte l’historien Grégoire Kauffmann dans Le Monde. Il ajoute :
“La manifestation de dimanche restera un moment essentiel dans l’histoire du parti d’extrême droite : un plafond de verre a explosé”.
Comme d’autres, il rappelle en quoi ce discours de façade, dénigrant l’histoire profondément antisémite du parti (regardez cette vidéo implacable de Mediapart à ce sujet), est une stratégie électoraliste de longue date. Dès 2013, Louis Aliot, alors vice-président du FN, confiait ainsi en interview4 :
“La dédiabolisation ne porte que sur l’antisémitisme. En distribuant des tracts dans la rue, le seul plafond de verre que je voyais, ce n’était pas l’immigration, ni l’islam… D’autres sont pires que nous sur ces sujets-là. C’est l’antisémitisme qui empêche les gens de voter pour nous. Il n’y a que cela… À partir du moment où vous faites sauter ce verrou idéologique, vous libérez le reste (..).”
Ce 12 novembre, le collectif juif Golem, un des rares à être intervenu contre la présence du parti d’extrême droite, a été nassé par la police. Les élus du RN, eux, ont été applaudis à leur arrivée. Tandis que, sur France Info, Edouard Philippe se réjouissait le lendemain que le FN ait évolué à ce sujet.
On peut affirmer qu’un verrou idéologique a clairement sauté.
Pourquoi la France met-elle systématiquement sous le tapis les grands moments de l’antiracisme dans notre histoire nationale ? Dans cette vidéo pour Loopsider, la journaliste et réalisatrice Rokhaya Diallo revient sur la Marche pour l’égalité et contre le racisme, qui s’est déroulée du 15 octobre au 3 décembre 1983.
Emmanuel Macron souhaiterait élargir le champ du référendum aux « questions sociétales », dont les enjeux migratoires. Une déclaration qui fait clairement écho aux demandes de modification de l’article 11 de la Constitution formulée par LR et par le RN, comme le rappelle Le Monde. Une main tendue de plus à l’extrême droite, alors que le Sénat vient d’adopter la suppression de l’aide médicale d’état (AME) pour les sans-papiers, lors de l'examen du projet de loi sur l'immigration.
Actu qui ne peut mieux illustrer le sujet de ce deuxième numéro : à Villeneuve-d'Ascq, SOS Education dénonce l’enseignement de “l'idéologie transgenre à l'école”. Dans un long tract distribué dans des boîtes aux lettres, l’association réactionnaire et clairement anti-genre, y multiplie les fausses informations, comme l’ont souligné le Parti Socialiste du Nord, des Jeunes Socialistes du Nord et HES LGBTI+. Loin d’en être à sa première agitation de panique morale, elle s’était déjà illustrée contre un sujet du bac sur l'IVG, ou encore avec le lancement d’une pétition contre l'exposition "Zizi sexuel" de Zep la Cité des sciences et, alerte sans surprise sur “les dangers de l’activisme politique transaffirmatif sur les jeunes”.
Comme chaque année, ce 20 novembre a lieu la Journée du souvenir trans, ou TDoR pour Transgender Day of Remembrance, qui commémore la mémoire des personnes trans assassinées dans le monde. En 2023, au moins 320 personnes trans et non-binaires ont été tuées dans le monde entier, selon le Trans Murder Monitoring (TMM), qui collecte et analyse ces rapports d'homicides. La plupart des victimes étaient des femmes trans non-blanches et des travailleuses du sexe.
Quand même une bonne nouvelle dans cet océan moribond : dix salariées ont fait reconnaître, par la cour d’appel de Grenoble, la discrimination sexuelle dont elles faisaient l’objet dans leurs évolutions de carrière et de salaire. “C’est la première fois qu’un groupe de femmes fait condamner une entreprise – qui plus est du CAC 40 – pour une discrimination générale et pour des montants aussi importants.” Un reportage de Cécile Hautefeuille à lire sur Mediapart.
👩🏻⚖️ Baromètre des droits
⬆️ 🇻🇦 - L’information surprise de ces derniers jours : le pape François a ouvert la porte au baptême des personnes transgenres. Mais à une condition : "S'il n'existe pas de situation dans laquelle il y a un risque de générer un scandale public ou de désorienter les fidèles". Le Dicastère pour la Doctrine de la Foi s’est également montré favorable au baptême des enfants de couples de même sexe, qu’ils soient adoptés ou nés par gestation pour autrui, à condition qu’il y ait “l’espoir fondé” que ces enfants seront élevés dans la religion catholique. Entendons-nous bien : l’acte homosexuel reste considéré par l’Église comme un péché.
⬆️ 🇦🇹 - L'Autriche va indemniser les personnes persécutées en raison de leur homosexualité jusque dans les années 2000, malgré la dépénalisation des relations entre personnes de même sexe en 1971. C’est ce qu’a annoncé le 13 novembre la ministre de la Justice Alma Zadic (Verts), ouvrant ainsi la voie à la réhabilitation de 11.000 personnes concernées.
En France, une proposition de loi a été déposée au Sénat par Hussein Bourgi au nom du groupe socialiste, écologiste et républicain, “portant réparation des personnes condamnées pour homosexualité entre 1942 et 1982”. Après de premières auditions, elle sera débattue dans l’hémicycle le 22 novembre.
➡️ 🇬🇧 - Dans son premier “discours du roi”, présentant le nouveau programme législatif du gouvernement, Charles III n’a évoqué à aucun moment l’interdiction des “thérapies de conversion”, contrairement à ce qui avait été annoncé par le Premier ministre Rishi Sunak. Pourtant promise depuis 2018, annoncée en octobre 2021, puis en janvier 2023, la mesure sera finalement débattue au Parlement. Un pas en avant qu’on ne doit nullement au gouvernement, mais à la vice-présidente du Groupe humaniste parlementaire multipartite, la baronne Burt de Solihull, qui a introduit ce projet de loi à la Chambre des Lords.
⬇️ 🇵🇹 - Au pouvoir depuis 2015 au Portugal et ébranlé par une affaire de corruption, le Premier ministre socialiste António Costa a annoncé sa démission. Après une large victoire en janvier 2022, des scandales en série ont engendré une vague de démissions de ministres. Les élections législatives, qui sont prévues le 10 mars prochain, risquent de profiter au parti d’extrême droite Chega, qui se voit pousser des ailes. Selon un récent sondage, ce dernier arriverait aujourd’hui en troisième place avec 13% d’intentions de vote, soit le double du score que le parti d'extrême droite avait obtenu lors des dernières élections.
💡 Mes recos (garanties 100% “woke”)
🎧 - En parlant de réparation : il y a un an, mes consoeurs Iris Ouedraogo et Adélie Pojzman-Pontay consacraient une série documentaire au sujet des réparations des crimes de l'esclavage. Celle-ci nous plonge notamment dans le procès historique qui s’est tenu en octobre 2021 devant la cour d’appel de Fort-de-France, au cours duquel l’Etat s’est retrouvé sur le banc des accusés face à des descendants d’esclaves. Produite en sept épisodes par Paradiso, cette série d’intérêt public, d’une grande richesse et d’une grande finesse, tant du point de vue de la forme que du fond, vient d’être récompensée par l'International Women's Podcast Awards. Vous pouvez l’écouter sur toutes les plateformes d’écoute.
📔 - Le feuilletage de ce livre est aussi doux que l’a été ma rencontre avec son autrice, Marie Docher, animée par les fabuleuses libraires de A la marge le 9 novembre. Et l'amour aussi, édité par La Déferlante, visibilise, en témoignages et en photos, les vies de 50 lesbiennes et leurs ressentis 10 ans après le mariage pour toutes. Une archive précieuse, portée par un regard fin et sensible, qui dessine petit à petit un “nous” galvanisant.
🎥 - Si ce n’est pas déjà fait, regardez ce brillant documentaire d’Arte, qui retrace l’histoire de l’antisémitisme en quatre épisodes qui éclairent hautement l’actualité.
Mes dernières publications :
Outing, fake news et complotisme : quand il s'attaque aux "militants trans", Le Figaro met toute déontologie sous le tapis
Une enquête à lire sur le site d’Arrêt sur images.
PMA pour les personnes trans : le grand flou
Une enquête co-écrite avec le brillant Tal Madesta pour Mediapart.
Je signe dans le numéro 12 de l’excellente revue La Déferlante, paru en novembre, un “Retour sur”… (le suspens est à son comble) le mariage pour tous et toutes.
Un grand merci d’avoir lu ce deuxième numéro ! On se retrouve dans deux semaines pour un troisième Gendercover.
D’ici là, si vous avez une information à faire passer, n’hésitez pas à m’écrire à newsletter.gendercover@gmail.com
Prenez soin de vous et à bientôt ! 🌈
Stanley Cohen, Folk Devils and Moral Panics, Londres, MacGibbon and Kee Ltd, 1972.
Selon la traduction de Peretti-Watel P. (2005). Cannabis, ecstasy : du stigmate au déni. Les deux morales des usages récréatifs de drogues illicites, L’Harmattan.
Goode, E., & Ben-Yehuda, N. (2009). Moral Panics : The Social Construction of Deviance (2e éd), Oxford : Wiley-Blackwell.
Valérie Igounet, Le Front national de 1972 à nos jours, Paris, Seuil, le 6 décembre 2013, p. 420.